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ENTREVUE / INTERVIEW

steve hackett

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ALBUM REVIEW

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Fred Simoneau -February 2017

Veuillez noter que cette entrevue est traduite en français sous l'espace vidéo

Please note that this interview has been translated in french below this video

Profil  : Bonjour, ici Fred Simoneau de Profil, et je suis très heureux d’avoir Steve Hackett ici à l’émission.  Bonjour Steve, comment ça va?

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Steve Hackett : Très bien, Fred, très bien!  Content de vous parler.

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PR : Merci de participer.  Ton dernier album s’intitule « The Night Siren », et sera lancé le 24 mars.  Tout d’abord, félicitations!  Laisse-moi te demander comment cet album se situe dans ta discographie, mais surtout par rapport à « Wolflight ».

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SH : C’est le dernier d’une longue lignée d’albums, c’est comme le numéro vingt-cinq ou vingt-six.  Donc le titre est « The Night Siren » et il sera lancé le 24 mars.  Sur l’album nous avons une vingtaine de personnes de partout dans le monde, d’Israel et de Palestine qui travaillent ensemble, de l’Azerbaijan, de Hongrie… de plusieurs endroits, l’Icelande, la Suède, les États-Unis, le RU.  Alors il a de plusieurs façons une allure de « world music ».  C’est essentiellement un album rock, mais avec une ambiance de « world music », et dans un sens c’est un symbole de paix, et c’est un message que je suis très résolu à faire passer, un message intemporel en soi.  Mais l’idée que si nous pouvons travailler de façon pacifique avec tous ces gens de partout dans le monde, alors peut-être que d’autres personnes accrocheront à cette idée que nous n’avons pas besoin de démoniser, comme le dit Obama.

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PR : Très bien.  D’après ce que j’ai pu lire, cet album a été écrit par toi-même, ta femme Jo, et Roger King.  Explique-nous comment le processus d’écriture s’est déroulé, et comment vous avez géré ça, ou si c’était gérable.

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SH : Nous avons voyagé dans beaucoup d’endroits, ma femme et moi, une conséquence de faire des tournées, de faire plusieurs shows autour du monde. On se fait des amis partout.  Mais ça veut aussi dire qu’on collectionne des instruments de partout au monde.  Parfois on en joue, et parfois ce sont d’autres gens qui en jouent.  Le procédé d’écriture est en deux volets.  D’un côté je ramasse des données de diverses performances, que ce soit en face-à-face ou via le transfert de fichiers, et d’un autre côté j’essaie de trouver des histoires avec ma femme, Jo.  Et ensuite on les développe, un peu comme si on faisait un film, sauf que c’est un film pour les oreilles et non pour les yeux.  Alors Jo et moi travaillons là-dessus en premier.  Ensuite quand j’enregistre, quand je travaille avec Roger King qui joue les claviers et qui est à l’ingénierie, et qui est très impliqué dans les arrangements pour ces chansons, nous les amenons à un autre niveau avant d’impliquer d’autres humains, alors c’est une extension du processus d’écriture.  Ensuite nous impliquons d’autres gens lorsque les maquettes informatiques sont complétées et que toutes les données ont été rassemblées de partout ailleurs au monde.

 

PR : Vous avez travaillé sur ce projet avec plusieurs artistes de partout dans le monde.  Qu’est-ce qui vous motive à collaborer avec autant de musiciens différents, plutôt qu’un groupe régulier de 4 ou 5 musiciens?

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SH : J’ai un groupe régulier qui est également au cœur de l’album, mais c’est une extension de cela.  Alors dans un sens, j’ai toujours pensé que la plupart des groupes sont améliorés par la présence d’un orchestre.  Si vous êtes capables d’atteindre ce niveau et si vous avez quelqu’un avec vous qui est assez doué pour écrire les arrangements…  nous on peut les imaginer, mais en bout de ligne ces choses-là doivent se retrouver sur papier.  Et quand tu commences à utiliser des instruments d’orchestre, ça élargit les épaules du rock et l’emmène à un endroit qui le rend plus cinématique, et peut-être un peu plus comme une trame sonore.  Et c’est évident quand tu regardes en arrière et que tu penses aux grands arrangements des grandes pièces qui ont été écrites dans le passé.  Nous avons cette capacité dans l’équipe en ce moment.  Alors j’aime croire que j’ai le meilleur des deux mondes.  Oui c’est un groupe, c’est un groupe solo, mais c’est aussi un orchestre, et c’est un orchestre « plus ».  Toutes ces choses que d’autres personnes peuvent apporter au sujet : des instruments avec lesquels on n’est pas nécessairement familiers au début, comme Malik Mansurov de l’Azerbaijan qui joue du « tar » par exemple.  Le gars est un virtuose, j’adore travailler avec lui.  Et de même avec la trompette et le dijeridoo en Hongrie, qui sont joués de façon atypique.  Alors ces instruments ne sont pas nécessairement… euh… ce n’est pas évident de déterminer la source de ces sons…  ils viennent de performances acoustiques.

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PR : Très intéressant.  Je ne sais pas comment tu fais, mais tu n’as jamais l’air de prendre de vacances.  Tu reviens de « Cruise to the Edge » à la mi-février, tu lances l’album à la fin mars, tu es déjà en tournée.  Comment trouves-tu l’énergie pour continuer comme tu le fais depuis tant d’années?

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SH : Je pense que si tu as de la passion pour ce que tu fais, ça t’aidera à faire le pas de plus.  Tout ce que je fais, la musique, ce n’est pas vraiment un travail difficile.  Quand tu aimes quelque chose, ça rend le travail beaucoup plus facile.  D’autres personnes diraient que c’est un train de vie trop rigoureux ou vigoureux, mais nous on le fait parce qu’au fond on aime ça, tous les gars du groupe.  Tout le monde aime ça, autrement personne ne travaillerait aussi fort pour apporter ça au public.

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PR : En parlant de tournée, j’ai su que vous alliez profiter de l’occasion pour célébrer les 40 ans de « Wind and Wuthering » de Genesis.  À quoi peut-on s’attendre d’autre lors de cette tournée de 2017?

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SH : Je crois qu’il est important de faire deux choses.  Je réalise que je pourrais continuer à tourner avec le matériel de Genesis pour le reste de ma vie puisqu’il y a un marché énorme pour ça partout dans le monde.  Mais d’un autre côté, s’il est intéressant de garder ouvertes les portes du musée pour ces expositions grandioses, la nouvelle musique est d’une importance vitale pour moi, c’est ce dont je me nourris.  Alors nous faisons un set de pièces solo, et ensuite on fait les pièces de Genesis.  Nous faisons trois pièces du nouvel album, « The Night Siren », et des favorites d’autres groupes que j’ai eus.  Et c’est guidé par les fans, ils m’écrivent « oh j’aimerais vraiment que tu fasses quelque chose comme « The Steps » », alors j’ai dit « Ok, ouais, on va le faire », mais on veut le faire mieux que jamais, alors on veut le faire avec des drums plus gros, plus explosifs qu’autrefois.  Alors c’est une version extraordinaire que le groupe en fait, par exemple.  Et comme tu as dit, c’est le quarantième anniversaire de « Wind and Wuthering », alors on fait ce que je considère être les meilleures chansons de cet album, les plus épiques, « Eleventh Earl of Mar », « One for the Vine », « Blood on the Rooftops », « In that Quiet Earth » et « Afterglow », tous de cet album.  Et on fait « Inside and Out » aussi, qui a été enregistré en même temps, une pièce qui selon moi aurait dû se retrouver sur l’album, une chanson préférée de plusieurs qui s’est retrouvée sur EP.  Et c’est merveilleux de pouvoir faire une interprétation vraiment authentique de toutes ces chansons, plus « Inside and Out », et les amener à un niveau supérieur.  « Inside and Out » n’avait pas vraiment une bonne fin quand nous l’avons fait sur disque, et c’est peut-être la raison pourquoi ça n’a jamais vraiment marché.  Mais nous avons ça maintenant, cette capacité de le faire « live ».  Alors je pense que c’est un geste de restitution, en ce qui me concerne, de la remettre là-haut avec, comme je le disais, tout le reste des expositions glorieuses.

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PR : J’ai vu sur la liste de tournée que vous serez à Oakville, en Ontario, y a-t-il une chance de vous voir dans l’est du Canada comme à Québec par exemple?

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SH : Certainement que ça sera le cas dans le long terme.  Ce qui arrive souvent c’est que nous avons des tournées réservées par notre agent à New York, et parfois il y aura une emphase sur une certaine région, et nous revenons plus tard dans l’année et nous jouons dans les autres territoires.  Et bien sûr Québec est tellement une région importante pour le genre de musique que j’ai joué toutes ces années, c’est super important, alors j’espère y revenir le plus tôt possible.

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PR : Voilà de bonnes nouvelles!  Vingt-cinq albums studio dans ta carrière solo, six « Genesis », et par-dessus ça de nombreux autres projets tels des compilations, des « live », des « best-of ».  Y a-t-il quelque chose que tu n’as pas encore accompli, musicalement parlant, ou quelque chose que tu as toujours rêvé de faire?

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SH : Euh, je crois que la musique est sa propre monnaie, elle vous donne tellement plus que de l’argent en retour…  Chanceux comme je suis d’avoir pu faire de mon hobby ma profession, il y a autre chose qui se passe.  Je crois que la musique est à la fois mémoire et médicament, elle revigore les gens, elle fait tellement de choses et il y a tellement de styles de musique différents.  J’ai été impliqué dans plusieurs styles de musique au cours des années, et essentiellement je me considère avant toute chose un musicien rock, mais j’ai fait des pièces acoustiques, des pièces classiques, et jeté un coup d’œil aux canons du classique de temps à autres.  Je ne crois pas qu’il y ait de zones hors limites pour moi, je suis passionné de tellement de sortes de musique et j’ai collaboré avec tant de gens au cours des années, et j’espère bien continuer dans l’avenir.

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PR : Mais malgré tout, le rock progressif semble faire partie de ton ADN, vrai?

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SH : Oui, c’est vrai.  Je crois que c’Est de la musique qui est remplie de surprises, et j’ai toujours aimé ça.  Évidemment, lorsqu’une pièce est connue, elle n’est plus surprenante.  La musique qui n’a pas de règles est remplie d’éléments de surprise comme je l’ai dit est quelque chose qui, euh…  on pourrait dire que c’est de la musique qui pourrait ennuyer les gens assez rapidement, ou qui pourrait ravir les gens par le fait que la musique prend des virages inhabituels.  Je la compare beaucoup au cinéma, au cinéma épique, même, où tu peux avoir des changements de scène soudains, et on t’emmène à un autre endroit et un autre temps assez souvent au cours d’une pièce.  Les changements de style ou l’approche multi-style me galvanise depuis plusieurs années.  Il n’y a rien qui est hors limites pour moi, je n’ai aucun préjugé envers la musique, que ce soit du classique, du jazz, ou du rock, ou du pop, ou du blues, ou de la musique du monde.  Je les trouve tous également intéressants.

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PR : Que penses-tu de l’actuel et de l’avenir de la musique rock progressive?

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SH : Bien, le présent et le futur (du rock progressif) c’est d’en avoir sa propre interprétation.  Et je crois qu’il y a plusieurs choses qui sont devenues solides dans le prog.  Je comprends la fascination des gens pour les deux piliers du monde des claviers relativement au prog : le mellotron et l’orgue Hammond.  Mais on tend à ne pas utiliser que ces instruments, mais aussi des instruments additionnels.  Alors parfois c’est intéressant de travailler avec de vrais instruments, avec un vrai orchestre, tu sais, de mélanger l’humain et la machine, il y a de bons exemples.  Je reviens souvent à ces choses parce qu’elles sonnent bien.  Mais ce n’est qu’une de nombreuses possibilités.  Je me souviens avoir eu cette conversation avec Ian McDonald où je lui disais comment son utilisation du mellotron était fantastique, et il m’a répondu « ben c’était la seule chose qu’on avait à l’époque, on en aurait utilisé plus ».  Alors jusqu’à aujourd’hui c’est comme ça qu’on voit les choses.

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PR : L’entrevue se déroule rapidement, et j’en arrive à la partie où l’on doit répondre aux questions par un seul mot.  Et si tu ne veux pas répondre tu n’as qu’à dire « passe ».  Ton pays préféré pour jouer la musique de Genesis?

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SH : Oooh, mon dieu…  je devrai passer là-dessus, il serait injuste de ne nommer qu’une seule place.  Évidemment le Canada français est important pour ça, ouais…

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PR : Ouais.  Une autre difficile : ton pays préféré pour jouer du Steve Hackett.

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SH : Eh bien, je crois que c’est la même chose.  Cette tournée a été merveilleuse.  Un seul mot, très, très difficile.  Je dois répondre : le monde.  Je ne veux pas faire de peine à personne ici.

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PR : J’aime ça, « le monde ».  Ton album progressif préféré de tous les temps.

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SH : Oh, bonté divine…  Probablement « Sgt. Pepper ».

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PR : Ton guitariste préféré.

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SH : Ooh, très difficile, un seul mot.  C’est différentes personnes à différentes époques, dépendamment de qui…  tu sais…  probablement Andrés Segovia.

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PR : Ok.  Le dernier album que tu as acheté.

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SH : Le dernier album que j’ai acheté, oh mon dieu, euh… wow.  J’ai été tellement « bloody » occupé que je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai acheté un album.  Je pense que c’était les « Stones » en fait, leur dernier album.

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PR : Un artiste avec lequel tu souhaiterais jouer sur scène.

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SH : Je pense Buffy St-Marie.

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PR : Tes vacances préférées.

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SH : Vacances préférées, bien…  tu sais, j’aimerais amener Jo à la Nouvelle Orléans, on l’avait réservé un moment donné et les choses n’ont pas bien été malheureusement.  J’ai hâte à la Nouvelle Orléans à cause de son histoire incroyable.

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PR : Une dernière : peut-on s’attendre à un nouveau coffret de ta carrière solo.

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SH : Eh bien, il y en a eu un récemment qui est assez étendu, ce sont les premières années.  Il y en aura un sur les années tardives, bien sûr.

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PR : Y a-t-il quelque chose que tu voudrais ajouter avant que je te laisse partir?

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SH : Je ne pense à rien pour l’instant, mais ç’a été formidable de te parler, et j’ai vraiment hâte de revenir à Québec un moment donné.

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PR : C’a été un honneur de te parler, alors la meilleure des chances avec ce nouvel album, et j’ai bien hâte de te revoir « live » à nouveau.

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SH : Merci beaucoup, Fred!

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PR : Merci.

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