CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

C’est quand même incroyable!  Je suis abonné à quatre magazines progressifs. Je suis inscrit à cinq sites Facebook sur le prog et je consulte quotidiennement ou hebdomadairement une multitude de sites Internet sur le sujet. Pourtant ce groupe est passé sous mon radar.  Il a été créé à Londres en 2011 et « Foreign Land » est leur troisième album après « Where joys abound » en 2012 et « Given the impossible » en 2016. Ce quintet est composé de MARGUERITA ALEXANDROU au chant, PAUL BRINGLOE à la batterie, KEITH BUCKMAN à la basse, ELIOT MINN aux claviers, et DENIS WARREN aux guitares. Une formation très classique donc et qui œuvre dans un registre tout aussi classique.  En effet, c’est du côté du progressif anglais des années 70 qu’on doit tendre les oreilles. L’influence de YES est éloquente et plusieurs passages peuvent rappeler le GENESIS de l’époque GABRIEL.  C’est sur le label indépendant Bad Elephant Music qu’est paru cet album que l’on pourrait qualifier de néo-prog symphonique.

 

Le groupe frappe fort dès la première pièce avec un opus de près de vingt minutes, « Travelogue ». Même si DENIS WARREN nous gratifie d’une excellente performance à la guitare sur cette pièce, y compris un solo tout à fait digne de mention, c’est ELIOT MINN qui tire les ficelles sur la meilleure performance du groupe de « Foreign Land ». Son solo d’orgue, son travail au piano sont autant de faits saillants de cette chanson. C’est un morceau qui sait capter l’attention de l’auditeur et la retenir. Sur tout l’album, on trouve des claviers omniprésents, notamment un très beau solo de synthétiseur sur « Sulis Rise » ou son jeu de piano sur « The Fugitive ».  De son côté, « Mud » offre un son un peu plus moderne, on pense un peu à IO EARTH.  J’ai déjà mentionné le travail du guitariste mais il ne faut pas négliger de souligner le bon boulot de Messieurs BRINGLOE et BUCKMAN qui forment une bonne section rythmique. On remarque bien leur travail sur l’autre morceau qui a retenu particulièrement mon attention, soit la pièce titre.  Celle-ci s’offre même quelques accents jazzés de bon goût. M. WARREN y va de plusieurs envolées dans les registres prog, un peu à la HACKETT, et jazz.  C’est syncopé à souhait, c’est symphonique et, à l’instar de la première, les passages instrumentaux abondent pour notre plus grand plaisir. Ce petit accent jazz, on l’entend d’ailleurs aussi sur le morceau précédent « The fugitive » où DENIS WARREN offre d’autres bons moments de guitare.

 

On trouve de plus en plus de chanteuses dans les groupes progressifs, pensons aux CHRISTINA BOOTH, KIM SEVIOUR, CANDICE NIGHT, FLOOR JANSEN, LEE DOUGLAS, ANNEKE VAN GIERSBERGEN, OLIVIA SPARNENN et tant d’autres qui rafraîchissent le son du prog d’aujourd’hui. Le nom de MARGUERITA ALEXANDROU doit être ajouté à cette liste.  Au cours de la pièce d’ouverture, j’ai un peu pensé à GEDDY LEE, ailleurs un peu STEVIE NICKS ou même un tantinet KATE BUSH.  Cependant, ces références ne sont que de petits points de repères puisque la dame possède une voix très caractéristique, bien à elle. Il m’a fallu plusieurs écoutes pour m’y habituer et je serai parfaitement honnête en disant que ce n’est pas le type de chant que j’affectionne le plus.  La meilleure façon de savoir si son chant peut vous plaire est d’aller sur leur site Bandcamp et de le découvrir.  Ceci-dit, « Foreign Land » est un album dont les racines musicales plongent abondamment dans les années 70 et qui, à défaut d’originalité, s’écoute vraiment très bien.