NEMO est un groupe formé au début des années 2000, dissous en 2015 pour laisser son chanteur compositeur JPL espérer une meilleure reconnaissance ou lisibilité. C’est son 2e bébé (de 2003) qui ressort en 2018, remixé, re-peaufiné et avec un inédit de plus de 13 minutes. L’atmosphère de l’album est toujours sur ses textes pré-catastrophes, présage d’un monde qui se délétère inévitablement, retraçant ces déboires et mettant en scène les différentes péripéties. Au niveau orchestration, le son fait plus dépoussiéré en mettant les différents breaks musicaux bien mieux en valeur. Au niveau voix, JPL a fait un effort, peut-être l’âge? Mais sa voix … qui a gagné en maturité sur certains morceaux représente encore le point faible de l’album et retire un peu de l’aura dégagée par le CD.
« La dernière vague » piano d’école pour démarrer cette pièce avec toujours ce mélange symphonique, acoustique, chœurs, explosion métal et néo avec des soli de toute beauté, une guitare rageuse, hypnotisante avec des ambiances alambiquées à tiroir recherchant des émotions oniriques, une fresque grandeur nature, un must même 15 ans plus tard. « Générateur » plus groovy (plus énergique et nerveux), plus hard avec un riff basique et efficace, plus vintage cependant avec orgues et guitare qui giclent. « Sur la tombe du phoenix » avec ses cloches xylophone d’entrée, un riff bien gras qui rappelle que JPL a concocté un groupe parallèle en son temps avec WOLFSPRING, un titre à tiroir avec lente montée prog, puis solo à la ZZ TOP et échappatoire avec du synthé purement jouissif et des climats à tiroir complexes. S’ensuit 3 titres enchaînés retravaillés en un seul titre « la mort du scorpion » pour une excursion acoustique avec intro limpide amenant une suite virevoltante presque folk, le break à la guitare acoustique pouvant rappeler celle des frères PAYSSAN de MINIMUM VITAL, c’est carrément toujours aussi beau surtout que je l’avais réécouté il y moins d’un an sans savoir que j’allais en faire la chronique; la 3e partie plus instrumentale, symphonique, avec dérive jazz-prog, S-F avec ses bruitages, nerveuse aussi par la suite et qui vaut le détour par sa complexité. Une approche à nouveau lourde, hard, teigneuse, passant très bien pour finir ce tryptique! « Les nouvelles croisades » en 5 parties propose une pièce épique où l’on peut se perdre tellement les ambiances changent au fil des minutes; attention, soli de guitare, de synthés vont se succéder, voire s’accoupler durant ces 18’; on est là à la limite du jazzy. Quant à « le pire est avenir », prog technique, nerveux, plus nerveux encore il propose une pièce elle aussi variée avec un accord rythmé et des espaces instrumentaux plus nombreux; seule ombre au tableau, les textes trop prévisibles (de beaux textes par ailleurs!) qui cassent un peu l’ambiance musicale.
Du rock progressif varié, voilà ce que fait toujours NEMO, groupe estampillé français avec des couches différentes d’instruments, montrant là le talent bien trop méconnu de ce compositeur hors pair. La durée avoisinant les 77 minutes, les compos donnent un aperçu de ce qui peut être fait dans le rock avec une chanson couplet-refrain, puis des évolutions, des tiroirs, des circonvolutions, des parties tantôt acoustiques, tantôt hard, tantôt symphoniques avec breaks divers permettant de créer des univers distincts. Alors, pour les fans de prog à la française, n’hésitez pas et engouffrez-vous, plongez carrément dans le monde de NEMO.