CHRONIQUE / REVIEW

CD

MAX MARCHINI le directeur artistique de la renaissance de la fameuse étiquette « Manticore » cite le regretté GREG LAKE: « Je ne veux pas que Manticore soit nostalgique mais plutôt respectueux et utile pour tout grand talent … Nous ne serons pas seulement progressif mais ouvert à tout genre de musique car la musique progressive n’est pas un genre mais une intention ».  JOHN GREAVES, compositeur originaire du pays de Galles, s’est fait tout un nom dans le domaine de la musique alternative et fut un des membres fondateurs de HENRY COW (style Canterbury).  Il demeure un compositeur prolifique en plus d’être un bassiste extraordinaire. Avec « Life Size » notre compère nous offre un opus très avant-gardiste, à la fois délicat et profond et d’une grande beauté. La pochette soignée annonce un festin artistique avec un grand A.

L’album est très différent pour plusieurs raisons. D’abord le traitement des voix, on y entend des pièces dans trois langues différentes avec trois styles de chanteuses qui accompagnent la voix riche et poignante de JOHN. Des trois, la voix italienne d’ANNIE BARBAZZA fait toute une impression sur 4 des 11 morceaux. On a aussi droit à une profusion d’arrangements d’instruments à cordes, des percussions inventives et une belle collection de styles musicaux qui ont en commun une sophistication rare.  Finalement les textes eux-mêmes sont sublimes, en exemple « God Song », une lettre ouverte à Dieu, qui se lit: « Is it some kind of joke you are playing, because I can’t see the point of the world ». Musicalement on obtient une brochette de chansons compactes et complètes variant de 2 à 5 minutes.  L’ensemble donne une impression d’une séance de lecture de poésie dans un musée impressionniste.  Chaque morceau a son côté envoûtant et mystérieux et charme par des effets musicaux uniques et riches. On a des chansons classiques, des ballades populaires, des hymnes à l’amour: « How Beautiful You are », un blues suintant et paresseux à souhait: « Earthly Powers » (un de mes favoris), des pièces quasi-expérimentales comme « Sweetheart Goodbye » ou « Kew Rhône Is Real ». « Hôtels » est un autre bijou avec sa harpe et son rythme à la « Eric Satie ».

Si vous carburez au prog métallique vous allez vous ennuyer royalement, mais si vous aimez les pièces longuement mijotées, les instrumentations subtiles et les musées vous allez passer d’excellents moments. L’album m’a un peu rappelé le « Still » de PETE SINFIELD, lui aussi sur « Manticore » d’ailleurs mais en beaucoup plus intime.  Une belle musique, riche et émouvante et tout un talent de compositeur.  Merci Mr GREAVES.

Le mastering et la qualité d’enregistrement est première classe et prenez note que l’album vinyl top-qualité est limité à 500 exemplaires, tandis que le CD doré a été tiré à 1000 copies seulement.