CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Prateek RAJAGOPAL, artiste indien, nous vient avec son 3e album intitulé «Scavenger». Il était plutôt connu pour avoir travaillé sur des sonorités métal avec GUTSLIT. Il est entouré de Colin Edwin à la basse pour un CD qui traite des concepts de sentimentalité humaine comme la nostalgie, la disparition, l’anxiété et du mal-être engendré par ceux-ci! L’ambiance lorgne de façon directe vers du métal industriel, du métal dark-progressiste, du prog-expérimental, de l’ambient et de la musique avant-gardiste; les mélodies sont glaciales, lancinantes, redondantes, un peu voire beaucoup mélancoliques. On peut y trouver des sonorités de bande de film ainsi que des atmosphères découlant de tout ce qui a pu toucher de près ou de loin à la musique électronique dark.

 

« Write across » démarre par une ambiance triste, lancinante avec une voix travaillée, modifiée; les sons sont mécaniques, répétitifs, hypnotiques alors que la guitare dénote par un air cristallin avec un crescendo tout en douceur. « Escape orb »bien synthétique, glauque par moments, oppressant, envoutant avec des sons de PORCUPINE TREE des débuts, ou bien de ceux de B. ENO ou bien encore ceux  d’O.S.I pour un titre avec dégringolade de notes de piano, c’est rythmé jusqu’à un solo de guitare presque agressif débouchant sur une évolution violente où les sons s’entrechoquent à la limite du bruit indus voire expérimental, retour avec un son de machine et ambiance feutrée, bruitages métalliques en réverbération; on est bien dans un son avant-gardiste futuriste, le spleen se mêlant à la mélancolie pour un phrasé sombre avant une seconde explosion de sons saturés rappelant par son final un titre explosif de S. WILSON pour mettre en transe avant un retour simple par la guitare. « Electric wizard » part lui vers un son au piano presque plus chaleureux avec un ajout de synthés aux notes aqueuses comme un soir de pluie sur une route obscure; titre en fait coupé en deux avec une seconde forme plus lancinante, plus répétitive jusqu’à un final déroutant s’arrêtant par le même air que l’intro, un titre qui pourrait donc s’écouter en replay de façon illimitée!. Titre expérimental, répétitif mais jouissif dans la redite de la mélodie, peut-être le meilleur selon moi. « Part II » à l’ambiance encore plus mystérieuse, plus sombre encore, avec un air syncopé énivrant, base d’une profonde introspection, d’un doute immense : il y a du froid qui se dégage, il y a un peu de montées psychédéliques des PINK FLOYD de leurs 1ers albums avec S. BARRETT. « Scavenger » titre chanté, plus rythmé mais sur une composition linéaire avec notes de piano oppressant et basse assourdissante, pour le dernier titre lui aussi expérimental, sombre avec notes ciselées de guitare et encore et toujours une basse sourde, rythmique, oppressante elle aussi de Mr EDWIN; à noter la mode actuelle de saturer intentionnellement des notes à mi-parcours avant une excursion finale sur un solo de guitare presque ensoleillé, presque frais, presque enjoliveur jusqu’à la fin hachurée.

 

Cet EP est court mais peut s’écouter en boucle, il ne propose pas grand-chose d’exceptionnel mais les climats proposés, les airs sombres sortis différents des 5 titres donnent un aspect mélancolique, froid laissant la porte ouverte à une pure méditation intimiste. Il faut juste avoir le moral pour écouter cette œuvre un peu à contre-courant de ce que Prateek pouvait faire jusqu’à présent : c’est singulier. D’un autre côté, pour celui qui adore les explorations musicales un peu extrêmes, ce EP a tout d’un petit chef d’œuvre avec ces climats noirs, oppressants mais rythmés, ces mélanges de piano chaleureux basique donnant une aura crépusculaire purement jouissive; bref un grand moment.