CHRONIQUE / REVIEW
cirkus
voodooland
Releases information
Release date: August 1, 2019
Format: Digital, CD
Label: Auto-Production / Self-Released
From: Canada
8,5
Marek Deveaux - October 2019
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
CHRONIQUE / REVIEW
CD
CIRKUS est un groupe de musique Progressive Symphonique originaire du Québec, de la ville de Trois-Rivières au Canada, et vient de publier son deuxième album, « Voodooland ». Après une première sortie plutôt réussie en 2017 avec « Wild Dogs », voici une galette qui nous promet quelques bonnes surprises à déguster sans modération. À la tête de cette terre étrange et magique nous avons le multi-instrumentiste et arrangeur compositeur ALAIN PROULX. Ce quatuor nous délivre ici des partitions théâtrales voire cinématographiques, et j'irais même jusqu'à pousser le bouchon vers de la musique expressionniste car cette oeuvre présente souvent un haut niveau de dissonance, des contrastes de dynamique, des changements constants de textures, des mélodies et harmonies déformées, et la peur pour sujet principal. On y parle de rédemption, de marche du monde en errance, d'empires construits comme des châteaux de sable etc...Ce ton sera donné et évoqué comme un sortilège immuable pendant toute la durée de l'album. La palette des influences est assez grande en ce lieu maudit, avec un large éventail qui va de BAUHAUS à PETER HAMILL pour les voix jusqu'à GENESIS et YES pour les structures musicales.
« How to Kill » débute par une voix lente et théâtrale dont les trémolos et les paroles nous indiquent la gravité de la situation. La chanson se rythme par un tempo régulier, accompagné d'un orgue sautillant et passé de mode qui s'interrompt devant une guitare électrique jouant des arpèges aux textures soyeuses et aux harmonies jubilantes. L'orchestration se symphoniste et les voix s'harmonisent pour déboucher sur un final intense et structurellement élaboré, mais incessamment alarmiste. « Sidewalk Steam » peut être fractionné en trois parties dans des genres et des styles différents. En effet ce morceau commence par un piano nerveux tournant autour d'une guitare de bonne facture, puis relayé par une voix chancelante et excessivement poussive, se combinant avec des acoustiques aux tonalités de YES de la meilleure période. La seconde partie semble tournée vers des chants délibérément dégénérés voire dissonants mais bien maîtrisés, typiquement Post-Punk à la manière de JOY DIVISION voire de TELEVISION. Le contraste entre le rendu des voix et l'architecture musicale Prog est ici vraiment saisissant. Cette pièce se termine par un duo synthé/piano bien composé calme et agréable dont l'élégance nous fera penser à GENESIS. « Arrival » est un savant mélange de chants festifs, de choeurs sonnant comme des carillons, de voix déglinguées en limite de rupture dans un style qui peut se confondre avec des errements Punk/post Punk, mais paradoxalement bien amené et cohérent, avec un passage intermédiaire qui nous fait entrevoir un MORRISSEY en pleine forme, mais aussi des chants indiens bien cadencés et réussis. Ce patchwork délirant entrecoupé de passages musicaux de hauts niveaux rend cette pièce unique et particulièrement brillante. « Blind Parade » reprend les mêmes spécificités vocales par un refrain plus joyeux ressemblant à un hymne dédié aux aveugles que nous sommes...Cette mélodie évolue avec des roulements de batterie et une guitare ardente et lumineuse, puis redevient mystérieuse pour terminer par une complainte vindicative et répétitive.
Avec « Sandcastle » comment ne pas penser à PETER HAMMILL, ce génie à la voix si expressive et débordante d'émotion qui nous faisait découvrir des espaces sonores inconnus. Ici le progressif est dans le chant, et la guitare et les claviers des accessoires acheminant les choeurs vers une apothéose remplie d'ivresse. Je dois l'avouer, ce château de sable à la voix si belle et torturée m'aura fait quelque peu frissonner! Contrairement à certaines critiques que j'ai pu lire, « Catch The Beast » est une composition très réussie et savamment interprétée. Cela ne vous sautera pas aux oreilles d'entrée de jeu, et il faudra être patient pour assimiler les petits secrets qui se révéleront à vous au fur et à mesure des écoutes. Les points intéressants de ce titre viennent pour beaucoup des jeux de voix, aussi bien individuels que collectifs, du rendu des instruments qui s'imbriquent parfaitement avec les chants qui nous feront penser une nouvelle fois à GENESIS. Une ambiance mystérieuse débute « Like A God », accompagnée par une voix lente et diffusant un chant délibérément faux, donnant un sentiment de désuétude et de marasme. Un conseil : jetez tous les objets contondants à portée de main avant de commencer cette écoute, car l'heure est grave et sur le marbre est inscrit « No Future ». Mais heureusement, les parties musicales nous redonneront une lueur d'espoir. « Masterlord » est ici est un bon résumé du potentiel de CIRKUS et une démonstration du talent d'ALAIN PROULX en matière de chant, avec une vraie capacité à maîtriser une voix qui se ballade avec aisance et fluidité entre PETER HAMMILL et DAVID BOWIE, un florilège de phrasés bien ajustés et tenus solidement, aussi bien dans les montantes que dans les parties fragiles et émotionnelles. Les accompagnants ne sont pas reste, et nous délivrent ici et là des couches superposées et polyphoniques valorisant cette voix envoûtante, l'orchestration prenant du coup sa part du gâteau avec une approche plus complexe et plus prog. Mon seul reproche sera pour le final de ce titre qui paraît atone et sans grand éclat, c'est un peu dommage pour une fin de session...
Quand je découvre un album je me fie toujours à mes premières impressions, si elles sont mauvaises c'est bon signe, et inversement si la production est compréhensible dès le début. Ici cette règle s'est avérée une nouvelle fois. En effet, d'emblée je n'ai pas été subjugué par ces voix dissonantes et dramatiques, ce sentiment mitigé d'écouter un groupe Post Punk accompagné par une orchestration Prog de haute volée, mais surtout interloqué par ce contraste. Après avoir décortiqué patiemment cet ouvrage et avec l'obligation de rédiger une chronique crédible, j'ai découvert avec délice une nouvelle manière de façonner le Prog, une sorte de mixture brute et fine à la fois que je ne connaissais pas vraiment, car très peu entendu. Même si certains pourront trouver cette voix un peu trop présente, n'appuyez surtout pas sur le bouton off avant de bien vous être imprégné de ces mélodies habilement bâties, écoutez ces chants si particuliers mais si profonds et laissez-vous vous emmener vers des émotions nouvelles et rassurantes. Vives recommandations !
PISTES / TRACKS
1. How To Kill (7:54)
2. Sidewalk Steam (8:49)
3. Arrival (9:02)
4. Blind Parade (9:31)
5. Sandcastle (6:57)
6. Catch The Beast (7:07)
7. Like A God (9:23)
8. Masterlord (11:29)
Musiciens / MUSICIANS :
Alain Proulx: Bass guitars, keyboards, drums and percussions, lead and back vocals
Serge Doucet: 6- and 12-string guitars.
C. Lucas Proulx: Lead and back vocals
Guénille: Chimes and noises of all kinds