CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Deux ans après son premier périple musical, notre planeur italien favori prend de nouveau son envol. Les trois membres du groupe ALIANTE dépassent même les frontières et les formes qu’ils avaient libérées en septembre 2017. « Sul confine » constitue un pas en avant, ce qui est franchement plaisant. Il n’y a jamais trop de bons groupes italiens. Lorsque vous redescendrez de votre vol plané de cinquante-deux minutes, vous aurez un large sourire aux lèvres mais le cœur encore accroché dans les nuages. Il est arrivé plus d’une fois dans l’histoire musicale du rock progressif, ou d’autres genres, que le deuxième essai d’un artiste ou d’un groupe ne soit pas aussi concluant que le premier. Mais notre trio d’aviateurs italiens, mené de mains de maître, c’est le cas de le dire, par le claviériste ENRICO FILLIPI, appuyé par ses comparses de la section rythmique, ALFONSO CAPASSO à la basse et JACOPO GIUSTI à la batterie, tous deux connus pour leur participation au groupe EGOBAND, a passé son test haut la main. ALIANTE offre ici un album qui peut fédérer, non seulement les amateurs de prog, mais aussi les gens qui savent apprécier une musique instrumentale de qualité.

 

Il va presque sans dire que « Sul confine » offre une place privilégiée aux claviers. Et c’est bel et bien le cas, nous redécouvrons avec plaisir les talents de M. FILLIPI. Alors que ses interventions au synthétiseur constituaient le trait d’union des huit pièces de l’album « Forme libere », c’est le piano qui joue ce rôle sur ce nouvel opus. Mais attention! Les doigts de M. FILLIPI se promènent allègrement sur les touches du synthétiseur. Je pense, notamment, à des accents à la TONY BANKS dans la cinquième section de la longue suite de la pièce titre. Dans la section finale de la pièce, la combinaison orgue et synthétiseur nous coupe le souffle. Si vous tendez l’oreille, vous trouverez un brin de « Felona e sorona » dans cette enthousiasmante fin.  Cette longue suite est également une différence notable avec leur premier disque qui proposait huit pièces comparativement à deux pour celui-ci. Pas une seule ne dépassait dix minutes alors que « Sul confine » occupe près de cinquante minutes de votre attention. La courte et enjouée « Nel cielo », qui conclue l’album, est aussi un très beau moment pour les claviers et offre aux amateurs de Moog une autre occasion de se réjouir.

 

On trouve ici et là dans la suite de l’album des accents jazz. Surtout dans la première section, que ce soit au piano ou au piano électrique, avec toujours une belle rythmique tout à fait adaptée. Je pense à son accompagnement feutré avec le piano électrique. Je pense aussi aux notes de basses de ALFONSO CAPASSO qui répondent aux notes de piano toujours dans cette même section. C’est vraiment très beau que ce début où le son de l’orgue lorgne vers le jeu de GARY BROOKER. Une fois encore, ALIANTE propose une odyssée sous le signe des atmosphères plutôt que des démonstrations ou des solos à l’emporte-pièce. La complicité et la complémentarité des musiciens sert d’abord la musique plutôt que la performance musicale. Voici trois musiciens talentueux qui vous invitent à les suivre aux frontières de leur univers musical. Un séjour progressif avec ALIANTE, c’est un voyage où la beauté, ils viennent de la Toscane après tout, la douceur et une énergie festive se combinent pour vous mener plus haut, plus loin.