CHRONIQUE / REVIEW

CD

LA CHOUANNERIE : Voilà une période méconnue de l'Histoire de FRANCE qui dura de 1792 à 1800 et qu'une seule personne dans le monde musical ne pouvait dépoussiérer, raconter et mettre en musique.....Mesdames et Messieurs : Alan SIMON ! Nous n'allons pas vous refaire les présentations du nantais d'origine, qui l'ont déjà été à plusieurs reprises sur ce même site et dans bien d'autres endroits également.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient un raccourci ludique de ce moment historique elles et ils peuvent visionner "Chouans" film tourné il y a plus de trente ans par Philippe DE BROCA, avec entre autres Sophie MARCEAU, Philippe NOIRET et Lambert WILSON. Donc Alan nous a mis cette tranche de vie ne musique avec son panache et son professionnalisme habituel, aidé par une setlist impressionnante, des musiciens déjà rencontrés sur ses oeuvres précédentes comme la famille DESCAMPS père et fils, mais aussi le frère Francis !!! Que tout le monde connait et d'autres beaucoup moins célèbres mais tous aussi talentueux. Cet album est ni plus ni moins que la retranscription sur disque d'un opéra rock présenté live depuis le printemps 2018 avec une centaine d'artistes. A noter que le spectacle et donc l'album commence un peu plus tôt que la Chouannerie en elle-même, "Ouverture" est la mise en musique des États Généraux de 1789. Pas facile de mettre en lumière une pièce plutôt qu'une autre sur cette histoire dense et passionnante (mais nous allons essayer), peut être le déclamé et cocardier "Ça Ira", "Le Chant des Paysans" transfiguré par DESCAMPS le père (mais pouvait-il en être autrement ?) qui se met dans la peau et dans l'esprit de Jean CHOUAN qui allait donner son nom à cette période historique.

"La Folie" chanté par Alan SIMON lui-même, raconte l'horrible assassinat de la Princesse de LAMBALLE, de son vrai nom Marie Thérèse Louise de SAVOIE CARIGNAN, veuve à 19 ans de Louis Alexandre de BOURBON et proche amie de celle qui allait devenir la reine Marie Antoinette, l'emphase de la musique et la précision chirurgicale des textes sont à la mesure de l'épisode ici raconté. Olivier GANN chante magnifiquement bien "Ma France, mon Espérance" qui représente la montée sur l'échafaud du roi LOUIS XVI....porté par le piano de Marco CANEPA. "La Complainte de l'Abbé" plus basique et plus rock est un peu moins intéressant, au contraire de "Dieu et Le Roy" illuminé par les cornemuses du Bagad d'ELVEN qui en font un véritable hymne à la Chouannerie. De même que "L'Appel de Cadoudal" (Morgan MARLE) --- Ma Terre, Ma Bretagne, nous y sommes....et brillamment. Nous clôturons ce premier acte par "Le Saint de l'Anjou" car la Chouannerie a essaimé sur la Vendée et le pays angevin tout proche, un mid tempo avec moults guitares flamboyantes, un peu AOR mais superbe, écoutez bien les paroles, c'est définitivement d'une grande inventivité tout en demeurant fidèle à l'Histoire.

Le deuxième acte continue dans la même mouvance, en plus folkisant, et plus "chanson", donc par voie de conséquence un peu moins progressif mais reste très agréable à écouter, en commençant par le féminisé et magnifiquement interprété "L'Amazone" (dans la réalité la Comtesse Céleste BULKELEY, grande amie et proche de CHARETTE) ; globalement cette seconde partie fait la part belle à des évènements moins connus du grand public et donc à réserver aux adeptes de la Grande Histoire de France, comme la guerre de Vendée avec les batailles de MACHECOUL, de CHOLET et surtout la Virée de GALERNE (titre 3.2 de l'album) durant laquelle périrent environ 50 000 personnes sur les 100000  que comptaient les Vendéens au début du conflit...La puissance vocale de Christian Descamps Le Père éclaire "L'Infernale Danse", précédant le bucolique et poignant "Monsieur Henri" (pour Henri FORESTIER général vendéen de cavalerie présent pendant la tragique virée de GALERNE), lui-même suivi de l'instrumental et hymnique "Coeur de Chouans" d'un symphonisme éclatant. Après un "God Save The King" bof, bof, arrive le solennel "Réfractaire" une pièce parlée qui raconte avec force détails la condamnation et la proche exécution de L'Abbé Louis Pierre BARAT (Francis DESCAMPS), un des nombreux hommes d'Église ayant refusé de jurer sur la Constitution.

Les quatre dernières plages tentent d'apaiser l'Histoire, symphoniques, récitatives mais progressives (Jean Claude DROUOT en narrateur pour le conclusif "Le Vent de la Mémoire"), du Grand Art, pour clôturer cet opéra rock d'une qualité exceptionnelle, pour votre serviteur, l'oeuvre d'Alan SIMON qui m'a le plus bouleversé, probablement car j'ai des origines en Pays Nantais....Un spectacle visuel à ne pas manquer si un jour Alan décide d'un grande tournée hexagonale ou même plus.