CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Attention, voici le genre de disque que vous ne pouvez pas conseiller au premier quidam venu ni à votre pétulante voisine de palier ! De qui s'agit-il ? Du quintet brésilien VITRAL qui vient de publier son premier album à la toute fin de l'année 2017. VITRAL nous propose sur cet album, trois titres seulement dont un qui dépasse les cinquante-deux minutes ! Et qui plus est un album totalement instrumental... oufti cousin, de quoi déplumer une bonne partie du contingent progressif du coin et même d'ailleurs.

 

VITRAL existe en réalité depuis 1982, à l'époque sous la houlette de Claudio DANTAS (déjà) et d'Elisa WIERMANN (QUATERNA REQUIEM pour tous les deux) mais sans jamais avoir enregistré un disque ; avec le complément du claviériste Eduardo AGUILAR découvrant à son domicile de vieilles bandes destinées à un album solo, les prémices de la première œuvre de VITRAL étaient jetées. Depuis la composition de la formation auriverde a évolué en intégrant Luiz ZAMITH à la guitare du groupe PROGRESSIVE ICONS et Marcus MOURA le flutiste des bien plus connus BACAMARTE. Même si ce n'est pas le sujet présenté ici, je ne peux que vous recommander d'écouter le premier album de ces derniers "Depois do Fim" paru en 1983 ! Rassurez-vous, je ne vais donc pas vous abreuver de la décortication d'un tel péplum, mais simplement vous signalez ici ou là, des pistes d'étude et de réflexion qui vous donneront, je l'espère l'envie de faire comme moi, c'est à dire de vous jeter à petites doses ou pas dans l'écoute de cette œuvre gigantesque.

 

Les flutes de Marcus MOURA apportent un plus indéniable dès les premières minutes de cet "Entre as Estrelas" et nous les retrouverons au gré du morceau par petites touches subtiles, sans jamais sombrer dans la mièvrerie ni la redite (somptueux passage autour de la trente et unième minute par exemple, totalement emphatique et hautement symphonique) --- celui des quarante troisièmes minutes est beaucoup plus rock mais tout aussi passionnant et grandement virtuose.

 

Les claviers d'Eduardo AGUILAR qui sont à la base du son VITRAL sont eux majoritairement inspirés par ceux d'Elisa WIERMANN de QUATERNA REQUIEM mais nourris par une symbolique moins "religieuse" et donc plus accessibles à la majorité d'entre vous, en un mot plus simple, le meilleur exemple est le solo d'orgue du troisième titre le court (sic) "Vitral" éponyme et grandiloquent mais d'une intensité lyrique de grande classe. Et quand vous aurez écouté la mise en bouche que constitue les dix premières minutes de la suite titre, vous comprendrez que chaque musicien de cette formation brésilienne, est chacun de son côté un petit phénomène qualitativement parlant, chacun mettant sa dextérité et son professionnalisme au service du groupe, plutôt que de tirer la couverture à soi.

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Les guitares tenues par Luiz ZAMITH paraissent sur l'ensemble de l'œuvre comme l'instrument le plus discret car elles sont fréquemment jouées en complément des claviers plutôt qu'en tant qu'instrument soliste, exception faite du titre d'ouverture "Petala de Sangue", discrètes ne veut pas dire inefficaces ou absentes, bien entendu, simplement vous l'aurez compris VITRAL nous offre une musique basée sur les clés en tout genre, EMERSON et d'autres grands de l'instrument doivent se retourner dans leur tombe.

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Nous ajouterons pour la bonne cause que Claudio DANTAS et Vitor TROPE forment une section rythmique du feu de Dieu, et donne à cette œuvre une formidable assise et un élan incomparable pour celles et ceux qui AIMENT la musique de qualité. VITRAL pour ses supporters du coté de RIO a eu la très bonne idée de jouer cet album en public dans quelques petites salles réservées aux mélomanes, là on ne parle pas de rock progressif mais d'une musique hors du temps.

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Supérieur à la fine fleur du progressif auriverde SAGRADO, DOGMA, AETHER et consorts, meilleur que le récent CARAVELA ESCARLATE qui était déjà d'un excellent niveau, c'est peu et tout dire, une œuvre essentielle, un maitre étalon en quelque sorte, une référence que nous n'avions pas pu classer en 2017 faute de temps conséquent entre sa parution et le 31/12/2017.