CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Le prog Italien est très talentueux et apprécié dans le monde du rock progressif mais est-ce que le jazz rock Italien l'est tout autant? Je crois bien que oui! SLIVOVITZ est un groupe de Nantes, qui existe depuis 2001. Après 4 albums instrumentales qui sont un cocktail très jazz fusion avec un soupçon de musique méditerranéenne et de rock bien groovy et technique, il nous arrive ici avec leur premier album live, enregistré en 2016 à Milan, tout simplement appelé ''Liver''. Le groupe, qui compte 7 membres au total, est constitué de Derek DI PERRI à l'harmonica, Marcello GIANNINI à la guitare, Vincenzo LAMAGNA à la basse, Salvatore RAINONE à la batterie, Ciro RICCARDI à la trompette, Pietro SANTANGELO au saxophone et Riccardo VILLARI au violon.

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Puisque la musique est instrumentale, les pièces sont construites dans une logique jazz; soi une mélodie de départ, des membres du groupe qui font un solo et la mélodie qui revient pour boucler la pièce. ''Mai Per Comando'' débute le tout avec SANTANGELO qui domine une bonne partie de la pièce sur un ton très jazz funky ainsi que d'un très bon solo au saxophone pour ensuite se faire couper le sifflet par GIANNINI vers la dernière minute pour nous marteler d'un rythme rock frôlant presque le heavy métal. C'est ça SLIVOVITZ : une musique qui n'a pas peur de s'exprimer et qui ouvre facilement toute les portes des frontières musicales! ''Cleopatra Through'' continue la lignée vers le rock bien gras faisant presque penser à PORCUPINE TREE ou même, un petit groupe d'ici, KARCIUS. Puis, autre revirement de situation, VILLARI semble vouloir faire un solo mais on dirait qu'il a de la misère à le commencer! L'ensemble de cette chanson très abstraite me fait un peu penser à John ZORN avec une musique chirurgicale de style courte pointe qui semble avoir des morceaux qui ne vont pas aux bonnes places; j'adore ça! ''Currywürst'' revient à la normal avec un funk bien senti à la guitare et aux cuivres. On a droit ici à une pluie de solos déjantés de DI PERRI, RICCARDI, SANTANGELO et de VILLARI pour terminer le tout. DI PERRI, qui est l'un des fondateurs du groupe, donne d’ailleurs une couleur très intéressante tout au long du spectacle au niveau de la rythmique à l'harmonica. Comme quoi il n'y a pas seulement que dans le folk ou le blues qu'on peut l'utiliser!

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''Egiziaca'' commence plus en rock oriental presque progressif avec de bonnes harmonies aux cuivres pour se métamorphoser en très bon jazz fusion à la Miles DAVIS avec RICCARDI à la trompette. DI PERRI enchaine le tout en blues avec son tour à l'harmonica. ''Mani In Faccia'' nous ramène vers un rythme beaucoup plus funk avec, cette fois-ci, VILLARI qui nous en met plein les oreilles au violon. GIANNINI reprend le flambeau pour transformer le tout en un son beaucoup plus sombre et rock. Il n'y a pas de doute ici, leur musique est faite pour être improvisé en spectacle et le plaisir ici en est très palpable tant le groupe semble maitriser le tout. Le groupe y va même du côté du grunge en faisant une reprise d'une chanson de Nirvana : “Negative Creep”. Étant évidemment une version instrumentale avec les cuivres en tant que section vocale, la pièce est assez intéressante jusqu'à ce que le tout devienne un chaos musical très cacophonique mais sans trop devenir irritant; on ne fait pas un cover de Nirvana sans la délinquance musicale qui va avec! L'album se termine avec ''Caldobagno'', extrait d'un spectacle fait en 2014, sur un thème presque reggae comme base musicale qui se transforme en jazz fusion avec les solos de GIANNINI à la guitare, faisant un peu penser à Bill FRISELL en première partie et qui se transforme en dextérité musicale fort impressionnante, ainsi que de SANTANGELO qui seconde avec une performance moins extravagante mais pas déplaisante. La prestation, comme pour celle du spectacle principal, est d'une excellente qualité sonore et, comparativement aux enregistrements de spectacle habituellement, on entend moins la foule; ce qui est quelque chose que j'apprécie beaucoup car, selon moi, il n'est pas nécessaire d'entendre 30 secondes de foule en délire entre chaque pièces avec le même volume que le spectacle.

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La slivovitz est un spiritueux slave sec, dans la même veine que du brandy, fait à partir de quetsches, fruit qui se rapproche des prunes. Avec cette information, et avec le fait que tous les albums contiennent un âne en guise de dessin sur la pochette, on peut en conclure qu'ils veulent peut-être faire une métaphore à l'expression : ''Être saoul comme une bourrique!''. Peu importe leurs raisons, leur musique est, en effet, de la musique festive et enjouée qui est tous sauf ennuyante! Parfois, les albums lives nous apportent pas grand-chose de nouveau à mettre sous la dent. Celui-ci, en revanche, nous démontre des interprétations différentes pour certaines avec tout plein de solos en prime! À écouter sans modération et surtout en prenant votre voiture!