CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

ROLF ULRICH KAISER a fondé l’étiquette OHR (Ear) et a contribué au lancement de la vague progressive allemande avec TANGERINE DREAM et AMON DUUL.  Il a vraisemblablement été l’inspiration pour R-U KAISER ce groupe progressif symphonique de la ville portuaire d’Antofagasta au Chili. Avec un ‘line-up’ assez classique, ce groupe nous offre l’album ‘Desde La Oscuridad’ un opus thématique sur les ténèbres qui menacent notre monde (climat, guerre, totalitarisme).  Il s’agit d’un deuxième album après un hiatus de 11 ans.  La pochette montre l’activité humaine et aussi les cheminées industrielles avec des couleurs apocalyptiques. Le ton est lancé. Assez classique dans sa construction, on a droit a un bassiste inventif et très actif à la SQUIRE, des riffs solides, des claviers d’appoint et un duo de voix féminines en registre très aigu, le tout soutenu par un batteur très créatif aussi.  Les pistes sont longues et pleines d’élans symphoniques et de crescendo émotifs.  Les paroles sont en espagnol et c’est un plus.  Le style m’a un peu rappelé DELUSION SQUARED, GLASS HAMMER ou par moments MYSTERY. On remarquera le soin apporté à la présentation visuelle et aux textes.

  

Les cinq pièces sont différentes et intéressantes. ‘Sangre’ ouvre la marche avec une sorte de protestation verbale sur un rythme effréné et des passages agressifs alternant avec des vocalises éthérées.  Bien fait.  On enchaîne avec ‘Conciencia’ un morceau plus réfléchi où les voix d’anges forment la trame sur une thème assez dramatique.  La pièce suivante détonne une peu et est instrumentale. ‘MI-789’ utilise les claviers en réponse avec une guitare quasi-punk et lancinante. L’effet est réussi mais c’est un peu cacophonique à mon goût malgré quelques belles textures ici et là.  Le meilleur est heureusement à venir. Les deux pièces suivantes ‘Alguien’ (quelqu’un) et la pièce titre ‘Desde la Oscuridad’ (dans les ténèbres) sont superbes. ’Alguien’ après une mise en forme par la chanteuse offre une guitare un peu floydienne en arpeggio simple très efficace et évocatrice qui ramène les vocalises puissantes puis le troisième mouvement revient en force.  La finale de 9+minutes vaut l’album, après un début chanté simple on escalade la guitare et les claviers s’emportent.  Un chant puissant, un va-et-vient de mouvements forts et doux.  Une pièce prog typique avec une apothéose symphonique qui soutient le solo de guitare, quel beau mariage!

  

Donc du rock progressif mature, brillamment exécuté, plein d’émotion et de lyrisme.  On a apprécié la richesse et la créativité, le duo de voix féminines ‘mellotroniques’ et l’intensité dramatique ainsi que le soin apporté aux détails. Malheureusement la qualité d’enregistrement n’est pas au rendez-vous.  Le mixage est un peu flou, la résolution des claviers et des voix n’est pas aussi claire qu’on voudrait et c’est un peu dommage car l’album est très bon dans l’ensemble.  Malgré tout, allez écouter un peu.  Plaira sans aucun doute aux amateurs de prog symphonique.  C’est bon de voir que le prog est bien vivant en Amérique du Sud.