CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

En voiture! Et préparez-vous à un voyage assez différent merci. Pas de surprise ici ou plutôt seulement des surprises. Il y a de quoi, imaginez prendre deux power trios autonomes (PoiL et Ni.) et les faire fonctionner à plein régime dans un registre AvantProg - MathMetal sous la direction d’un maestro claviériste en ajoutant des chants en langues inventées  et vous obtenez ‘Bran Coucou’ un album lancinant, soutenu et implacable. Pensez-y bien 2 bassistes, deux batteurs et deux guitaristes. Avertissement sérieux, ce n’est pas de la musique de chambre! Armez vos tympans! 

 

Les 7 pièces de l’album sont délirantes et variées et offrent chacune quelque chose de différent.  L’entrée en matière qui s’intitule ‘Pilon Bran Coucou’ est le premier test. Très aventurier, à fond et sans compromis. On ressent le plaisir de la synthèse des 2 groupes et un jeu qui frise la symphonie gothique. Si vous encore là pour la suite on aura 7+minutes de ‘Pogne’ une belle exploration de rythmes syncopés et un soupçon de jazz déconstruit. On bondit partout et une belle basse donne la ton, et met la table pour des voix tribales engagées et féroces. Vient ensuite ‘Mimolle’ un morceau plus court qui met en opposition une guitare répétitive et des fluctuations mathématiques ponctués par des saccades entraînantes et qui vous hypnotise carrément. Un de mes favoris. On poursuit avec un long et initialement prometteur Shô Shin qui dérive en boîte à musique désaccordée et qui dérive encore plus avec des jurons incendiaires qui dérangent un peu (trop?). A mon avis c’est un peu malheureux car la prémisse était bonne. ‘François 1er’ offre un rythme moins effréné et se construit lentement et sûrement mais semble s’éparpiller vers la fin. ‘Kerberos’ était peut-être bien intentionné mais le bruit organisé devient trop dominant et la ligne mélodique un peu prévisible. On termine avec ‘Orbit’ un morceau plus flottant mais qui offre de belles perspectives, en flotte dans l’espace pour la première partie puis on plonge en catastrophe vers la sixième minute avec une guitare un peu frippienne et une basse caverneuse. Une belle variation dans un tempo plus lent mais encore puissant. Un morceau qui finit bien.

 

Avec un peu de recul, on voit les deux côtés de la médaille. Oui le choc des idées et la créativité de cette association de 7 musiciens offre des moments uniques et une richesse qui nécessite plusieurs écoutes mais aussi on peut se demander si on n’a pas récolté un peu ce que les anglo-saxons appellent à point de ‘l’overkill’?  Plus n’est pas toujours mieux.  Peut-être que le produit aurait mérité de décanter un peu plus.

 

Ceci étant dit, on a quand même droit à un petit tour de force et un produit original et musicalement très fécond qui plaira aux amateurs de ce genre.