CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

C’est le cœur rempli de rage que se prépare un artiste désemparé et démoli par la récente déchéance de sa dernière relation amoureuse. Cette rage laissant rapidement place à une amère nostalgie, le peintre amorce une toile qui sera à la fois sombre et colorée. « Notes By An Unstable Muser » se veut le premier album entier de la formation Overhaul qui avait précédemment sorti un EP ainsi qu’un album live.

​

Avec des passages parfois très pesants, Overhaul peut parfois rappeler les groupes Tesseract ou Leprous. Le groupe compte sur Samuel DE VRIES, un chanteur à la voix bien unique qui constituera certainement pour plusieurs auditeurs le point fort principal du groupe. DE VRIES sait mettre la fragilité de sa voix dans les aigues au service d’un romantisme rarement perceptible chez les autres groupes du même genre. C’est vraiment cette voix particulière qui permet à Overhaul de se distinguer positivement des autres. Il suffit d’écouter les dernières secondes de « Stone Intact », la seconde pièce de l’album pour le constater. S’enchaînant à un rythme rapide, les différentes pièces possèdent toutes une saveur unique, bien qu’aucune d’entre elles ne ressorte clairement du lot. Alors que l’artiste-peintre passe par toute la gamme des émotions, l’auditeur les ressent toutes successivement de façon très nette. Voilà là un autre point fort de cet album.

​

Sans s’emporter dans la virtuosité d’immenses solos, la technicité des musiciens se ressent à travers les rythmiques variées et complexes de la majorité des chansons. Cela ne se fait toutefois jamais au détriment de la mélodie comme en témoigne l’excellente pièce « Storm » dont les dernières minutes m’ont immédiatement fait penser au plus récent album de Haken et dont le refrain est d’une belle intensité. Comme cinquième titre et au cœur d’un ouvrage empreint d’émotivité se retrouve « My Heart Suggestible », une douce ballade. Sans nécessairement être un atout important à cet album, cette pièce y trouve sa place en ce sens où elle met en valeur un côté bien différent, mais tout de même intéressant du groupe.   

​

Titre très sombre « Aeons & Life » m’a pour sa part rappelé la pièce « Seven Lands Of Sin » du groupe Adagio. Pour sa part, la pièce suivante, « Pastels » contient en sa partie médiane le moment le plus intéressant de l’album. La structure relativement simple d’une chanson alors entraînante se transforme rapidement en un riff percutant et d’une lourdeur à en faire sourire n’importe quel amateur de métal néo-progressif. Alors que l’artiste met la touche finale à sa toile pour en contempler toute la beauté, l’album se termine avec beaucoup de puissance et de vivacité avec la pièce « Detour ». Le sublime chant durant le refrain ainsi que le passage central de BERGMANS au piano sont clairement dignes de mention. Voilà une finale qui donne clairement envie de recommencer l’album une deuxième, une troisième, une quatrième fois…

​

Artisans d’une musique porteuse d’un romantisme avoué, les membres du groupe Overhaul ont bien raison de s’assumer ainsi puisque c’est vraiment par ce trait caractéristique qu’ils sauront se distinguer de la majorité des autres groupes émergents du métal progressif. Le titre de l’album est parfaitement choisi alors que même l’auditeur se surprenant à en apprécier le contenu peut lui-même se demander s’il n’est pas à quelque part lui aussi un peu dérangé émotionnellement. Il se dira probablement comme moi que si c’est ce qui peut lui permettre d’apprécier ce genre musical, le prix à payer n’est finalement pas si cher.