CHRONIQUE / REVIEW

CD

Doux euphémisme que de dire que j'attendais avec une impatience certaine le second album d'EVERSHIP, car j'avais vraiment apprécié le premier effort discographique de Shane ATKINSON et de ses acolytes, il y a un peu plus de deux ans de cela. Ce qui était simplement un duo de Shane avec le chanteur Beau WEST en 2016 est devenu un vrai groupe de cinq membres permanents sans compter une pléiade d'invités. Coté travail artistique, le dessinateur demeure le même que sur le premier opus, en la personne de Philip WILLIS, une réelle façon  de ne pas perdre les fans en route...

Allons donc voir (ou plutôt écouter) le menu de ce deuxième EVERSHIP sobrement nommé EVERSHIP 2. "The Serious Room" qui entame le disque est une prise faite au festival RosFest en 2017 et bizarrement ce morceau ne figure ni sur le premier ni sur le second album du groupe mais musicalement tout à fait dans la lignée de ce que nous connaissions d'EVERSHIP avec un style facilement reconnaissable. "Monomyth" et ses plus de dix minutes est la pièce qui me plait la moins, probablement car trop passe partout, profondément américaine dans la mise en son, mais qui aurait pu être enfanté par une foultitude de formations, même la voix de Beau WEST n'y est pas reconnaissable comme ailleurs sur le disque, sauf autour de la septième minute sur un passage calme, dommage, carton jaune...Totalement différent, le morceau suivant "Real or Imagined", calme dans sa première moitié puis beaucoup plus énergique dans la seconde, très stygien dans ses vocaux principaux et ses choeurs, belle pièce entrainante."Wanderer" qui suit, d'une longueur équivalente, est d'un tout autre  calibre, délicat, d'une musicalité remarquable, un mid tempo qui met en valeur une section orchestrale grandiose, l'art avec un grand A, le genre de morceau qui traverse le temps et les modes. Et nous voici face à la grande oeuvre de ce second opus d'EVERSHIP, l'Ile de l'Arbre Brisé et ses vingt-huit minutes. Introduction hautement symphonique pour installer le climat de la pièce, le chant de Beau WEST éthéré, à son meilleur, tendres arpèges guitaristiques, dix minutes de pur bonheur musical, digne de tout le gratin symphonico progressif étatsunien des quarante dernières années (KANSAS, STYX, STARCASTLE et tuiti quanti) mais après...Après, un passage de trois minutes, beaucoup moins agréable car plus basique, avant une reprise en main bien plus lyrique à partir de la quatorzième minute, où notre ami Beau WEST semble quelque peu possédé, de toute évidence en plein dans son trip vocal, les claviers protéiformes et surtout le piano de Shane ATKINSON nous incite à la rêverie, une rêverie sans fin, nous sommes dans l'entrée des visions, somptueux comme nous le disons peut-être trop souvent mais ici c'est vraiment le cas...le solo de guitare de la vingt cinquième minute devrait aussi marquer votre esprit.

EVERSHIP a le talent des orchestrations comme à nul autre pareil (écoutez les divines digressions de cordes de la méga suite). EVERSHIP, le progressif symphonique à son plus haut niveau, baroque, queenesque (de retour à la mode depuis peu !), majestueux, lyrique, magique, un grand merci Monsieur ATKINSON pour illuminer de si belle façon notre musique de coeur.