CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

JOEL VANDROOGENBROECK qui aura 80 ans en août était un pianiste prodige qui peut être considéré comme un des grands-pères du rock psychédélique. Avec la parution de ‘Cottonwoodhill’ en 1971, album psychédélique qui venait avec la mention: ‘Si vous écoutez cet album une fois par jour, votre cerveau pourrait être détruit’ il a contribué aux bases du ‘krautrock’ et a influencé le rock psychédélique et vraisemblablement des groupes comme TANGERINE DREAM et ELP. Se produisant déjà comme claviériste jazz dans les années cinquante il a laissé sa marque durant plusieurs décennies et est le maître derrière BRAINTICKET qui continue encore à sortir des albums e.g. ’Past, Present and Future en 2015’ et même donner des spectacles comme avec le SpaceRock Invasion Tour de 2011 avec entre autres NEKTAR.

 

Pour les aficionados le CD double Zürich- Lausanne est une pièce de collection qui capture le groupe au milieu des années 80 et offre du matériel inédit. En fait seul la pièce ‘Black Sand’ issue du premier album est reconnaissable. Le concert de Zurich est le plus psychédélique et expérimental des deux avec de longues envolées synthétiques de presque 30 minutes et une thématique de l’espace. Les ‘anneaux de Saturne’ sont dynamiques et rythmés dans un tempo rapide et soutenue laissant toute la place aux improvisations de claviers et aux accents de synthés bien ronflant. ‘Seventh Dance’ est un morceau ambigu avec des moments de musique concrète désarmant qui m’ont rappelé mes incursions dans l’oeuvre de KARLHEINZ STOCKHAUSEN. Et ‘Dark Star’ contient un thème répétitif presqu’énervant. Pas pour les coeurs mous… 

 

Le concert de Lausanne est très différent et se démarque par la présence plus classique de percussion et une série presque intimiste de pièces plus courtes et variés.  Le ‘Bali Loop’ est très riche et rappelle un peu les explorations de percussions de ‘Lark’s Tongues In Aspic’ mais en bien plus expérimental. ‘Matters Matter’ est nettement plus JazzRock avec des incursions d’instruments à vent de synthèse. ‘Markus’s Interlude’ avec son thème blues rock chevrotant et sa batterie plus classique incluant même un solo est la pièce qui se rapproche le plus du KRAUTROCK de l’album. ‘DoubLinn’ est aussi plus accessible avec un ‘beat’ R&B et des belles improvisations de claviers électroniques.

 

La version de ‘Black Sand’ est définitivement plus longue et enrichie et s’écoute encore très bien dans sa version de 1984. Une sorte de clin d’oeil au rock gras et ‘bluesy' des années soixante (Green Onions cela vous rappelle quelque chose?).

 

Techniquement, la qualité de l’enregistrement et du mixage est très bonne. Je ne sais pas si l’intention était de donné un aperçu du registre expérimental du groupe mais je trouve que les deux CD sont trop différents tant par la thématique que par leur style et accessibilité. J’ai personnellement adoré le deuxième CD qui possède un côté charmant et engageant et un aspect ‘groovy’. Un CD qui s’écoute bien en musique de fond et qui reste ‘tripatif’ et psychédélique ‘lite’. Le premier CD est plus ardu mais quand même très riche et prenant avec ses moments spéciaux. C’est particulièrement plaisant de sentir la force d’une prestation ‘Live’ et l’ingéniosité voire le génie des musiciens s’exprimer librement.

 

Donc un album de collection. Un ajout important aux archives musicales du rock psychédélique et un rappel du grand talent de JOEL VANDROOGENBROECK.