CHRONIQUE / REVIEW

CD

Voici un premier album pour ce duo fraternel de Porto Alegre qui fait la promotion de l’Art pour la Vie.  Décidément symphonique tant par la forme que par l’utilisation d’échantillons orchestraux, l’album relate la tyrannie du trafic d’esclave dont l’Amérique du Sud fut malheureusement une plaque tournante. Il y a beaucoup pour plaire ici. Des thèmes poignants, de longues pièces, des arrangements solides, une belle complexité dans l’instrumentation. On reconnaît tout un effort pour livrer une trame sonore riche et émouvante.  On reconnaît par moment les influences des artistes, la pompe symphonique d’un EMERSON, le lyrisme dramatique d’un GABRIEL ou les claviers cascadant d’un BANKS et beaucoup de guitares à la PINK FLOYD.  Les textes sont poétiques et intéressants. Les voix le sont un peu moins. On a droit à une grande part de narration théâtrale qui explique l’histoire mais qui apporte peu musicalement. Les morceaux chantés sont nettement plus puissants et chaleureux. Ce n’est pas que la narration est malvenue mais elle est trop présente à mon avis.  De plus il y a occasionnellement quelques petits accrocs à la langue de Shakespeare. Par contre rien à redire sur la musique.  Chaque morceau traite d’un sujet différent et la musique peint la scène avec une grande justesse.

Dans le détail on ouvre avec un morceau épique de 14 minutes ‘Unheard’ en 4 parties. Très symphonique, avec des choeurs, des envolées de guitare, des effets spéciaux.  Du très bon prog symphonique contemporain.  ‘Sailing The Sea Of Fear’ qui suit est dans le même moule mais en style narratif. ‘ A Silent Herd Of Sheep’ est une très belle ballade très ‘génésienne’. Après un intermède bref plus électrique on retrouve une autre ballade bien conçue ‘Freedom Is A Disease’.  ‘I’ll Still Scream’ est un joli morceau avec des percussions et des claviers inventifs qui m’a étrangement rappelé un morceau du groupe ‘The Box’. On enchaîne avec mon morceau favori ‘The Beaten’s Path’ qui dans un style néo-prog européen est un moment fort de l’album. On termine avec ‘Uno Direktabileto’ qui se veut un petit clin d’oeil conscient ou pas à ‘Supper’s Ready’ et une brève ‘outro’ plus symphonique pour conclure tout à fait dans le thème de l'album

Donc dans l’ensemble un album très travaillé, riche en sonorités, bien articulé et bien balancé.  Décidément un album de studio qui a nécessité de nombreuses heures. Le message est fort et passe bien. La musique est expressive et l’instrumentation résolument progressive.  Il s’agit d’un premier album et le meilleur est sans doute à venir. On aimerait une meilleure qualité de mixage et d’ingénierie du son mais ça viendra avec le succès.  Les amateurs de prog symphonique y trouveront leur compte. Si vous voulez essayer avant, les auteurs ont mis une série de vidéoclips sur youtube avec les paroles. Bravo les gars! On a besoin de plus d’Ars Pro Vita…