CHRONIQUE / REVIEW
all traps on earth
a drop of light
Releases information
Release date: November 16, 2018
Format: Digital, CD, Vinyl
Label: AMS Records
From: Suède / Sweden
9,7
Serge Marcoux - November 2018
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
CHRONIQUE / REVIEW
CD
Amateurs de prog, unissons-nous pour remercier la Suède! En effet, nous devons une fière chandelle aux musiciens de ce pays. La nordicité d’une population de seulement dix millions de personnes a alimenté généreusement le renouveau progressif des années 90 et perdure encore à ce jour. Pensons, notamment, à LANDBERK, GALLEON, ANEKDOTEN, THE FLOWER KINGS, OPETH et, bien sûr, ANGLAGARD. Quoique peu prolifique ce dernier groupe a profondément marqué le deuxième quart de siècle du prog. En novembre 2012, le bassiste et multi-instrumentiste actuel du groupe, JOHAN BRAND, a vu poindre la lumière de l’inspiration pour le projet dont il sera question dans cette chronique. C’est une simple note de basse écrite sur un piano Fender Rhodes qui a été l’élément déclencheur. Cette ligne mélodique est venue le hanter, encore et encore, et d’elle a germé la pièce qui a donné son nom à ce nouveau groupe, ALL TRAPS ON EARTH. Dès le départ, il était clair pour lui que cette musique ne présenterait aucun compromis. EN 2016, il est rejoint par le claviériste de la première heure d’ANGLAGARD, THOMAS JOHNSON qui, depuis, a officié sur les trois plus récents albums de THIEVE’S KITCHEN. Il est devenu un rouage essentiel du groupe que ce soit aux niveaux des compositions, de la production du disque ou de ses talents de claviériste. Son apport est d’ailleurs élogieusement souligné par JOHAN BRAND dans le livret de l’album. Par la suite, ERIC HAMMARSTRÖM s’est avéré un choix logique pour la batterie et les percussions. Non seulement est’ il l’actuel batteur d’ANGLAGARD mais il a également œuvré pour THE FLOWER KINGS et BRIGHTEYE BRISON, assez bonne feuille de route, merci. Et JOHAN n’est pas peu fier de la contribution de sa fille, MIRANDA BRAND, aux voix. Avec raison d’ailleurs, pas seulement parce que le talent de la jeune dame est évident mais aussi parce que l’utilisation de sa voix contribue grandement à l’atmosphère et à la beauté de l’album « A drop of light ». Même si ces quatre musiciens maitrisent toute une panoplie d’instruments, voyez plus-bas, ils ont reçu l’aide de cinq musiciens invités dont PHIL MERCY, le guitariste de THIEVE’S KITCHEN. Les quatre autres utilisent leur souffle pour jouer des flutes, saxophones, trompette et Cie. « A drop of light » représente cinq ans de patient et dur labeur et cela parait. Croyez-moi, ces efforts et tout ce talent font en sorte que ce qui passe entre nos oreilles est jouissif, rien de moins.
ALL TRAPS ON EARTH, c’est l’art de la musique et non l’art du compromis. On le découvre d’abord lorsqu’on voit que les soixante-trois minutes de musique sont partagées entre seulement cinq pièces, dont quatre font plus de treize minutes. On l’entend aussi car sur ce disque, le mot progressif prend tout son sens. Sauf la très belle et courte « First Step », jouée au piano et au mellotron, il est impossible de bien décrire les pièces individuellement tant elles sont en mouvance et en changements. Tout au long de l’album, vous ne trouverez pas de longs solos mettant en vedette un instrument plutôt qu’un autre. Néanmoins, les interventions des musiciens se remarquent, guitare savante, jeu de batterie varié et puissant, basse grondante et expressive, cuivres qui suivent ou marquent le rythme ou joués en courts solos judicieusement assaisonnés et ainsi de suite. Il va sans dire que l’influence ANGLAGARD est très présente. Mais c’est l’esprit de famille qu’on remarque plutôt qu’un clonage musical. En effet, la voix, les cuivres et certaines percussions, entre autres, confèrent à l’album une personnalité qui lui est propre. Cependant, un point commun évident est l’utilisation massive du mellotron. Chaque écoute apporte la dose quotidienne recommandée pour tout amateur de prog! Vous trouverez aussi un peu de KING CRIMSON dans le son, que ce soit de l’époque « Red » ou celle de « Islands » ou « Lizard ». La musique peut également se faire un peu inquiétante et troublante comme un GOBLIN ou un ANIMA MORTE, aussi de Suède pour ce dernier. À l’occasion, j’ai ressenti un petit frisson de type Canterburien. La magnifique voix de MIRANDA BRAND peut rappeler l’univers cinématographique d’ENIO MORRICONE et ajouter, ici et là, une touche un peu opératique. La maitrise vocale dont elle fait preuve pour son jeune âge est remarquable. L’apport des instruments à vent, entre autres, confère aussi des accents jazz par moments. N’ayez crainte, la somme de toutes ces influences est parfaitement maitrisée et souvent plutôt subtile. La musique proposée, quoique diversifiée et intense, n’est aucunement chaotique. Au contraire, on sent une maitrise complète et tout le travail derrière ces compositions.
Certes, « A drop of light » représente une écoute satisfaisante mais pour l’apprécier à sa juste valeur, vous devrez y consacrer du temps et de l’attention. Essayer d’en faire une simple tapisserie ou une musique d’ambiance n’apportera pas la même satisfaction. Les changements fréquents dans les rythmes et les atmosphères, les moments de douceur et d’accalmie, les diverses utilisations des très nombreux instruments font en sorte que le plaisir et la compréhension demandent, ou même commandent, une écoute active. Cette musique et l’envoûtement qu’elle peut procurer fonctionnent bien mieux de cette façon. Même la pièce chantée en suédois qui clôt l’album fonctionne bien. Inspirée par des improvisations sur un clavecin électronique Chamberlin, « Bortglömda Gårdar » a été la deuxième pièce composée par JOHAN. Elle raconte l’histoire de belles et vieilles maisons de campagne et des familles qui les ont fait vivre. On y trouve, notamment, les moments les plus rock du disque, de belles lignes chantées à l’unisson par le père et sa fille, un foisonnement d’instruments et une conclusion en douceur, voire même poétique, à cet album prenant, exigeant mais qui récompense l’auditeur au-delà de ses attentes. Il va sans dire que les amateurs d’ANGLAGARD trouveront leur bonheur avec les propositions musicales de M. BRAND et ses acolytes. Après tout, il y a déjà six ans qu’est paru le dernier album studio du groupe. Et ce n’était que le troisième album en studio. Cependant les amateurs de musique progressive qui souhaitent sortir des sentiers battus ou qui sont férus de découvertes enrichissantes pourraient trouver avec « A drop of light » leurs meilleurs moments musicaux de 2018. À moins d’une grande surprise d’ici la fin de l’année, c’est exactement ce qui m’est arrivé. MIRANDA, JOHAN, THOMAS, ERIC et Cie, je vous remercie sincèrement de nous avoir offert votre lumière.
PISTES / TRACKS
1.All Traps on Earth (18:17)
2.Magmatic Warning (16:10)
3.Omen (13:00)
4.First Step (02:04)
5.Bortglömda Gårdar (14:01)
Musiciens / MUSICIANS :
Johan Brand - Mellotron M400 and M4000D, Moog Voyager, Moog Minitaur, organs, Fender Rhodes, clavinet. Rickenbacker 4001 and 4001S basses, Fender Jazz Deluxe bass, Revelation Jazzmaster VI bass, Moog Taurus 1. Epiphone Gibson Les Paul guitar, Green Gibson Les Paul guitar. Percussion, vocals.
Thomas Johnson - Grand pianos, Fender Rhodes, Wurlitzers, pianets, clavinet, organs, Mellotron M4000D, Moog Voyager.
Erik Hammarström – Drums: Tama Artstar I (Cordia), cymbals. Yamaha Oak Custom Absolute Noveau snare drum. Vibraphone, marimba, xylophone, glockenspiel, crotales, timpani, gran cassa, wood blocks, tam-tam, tubular bells.
Miranda Brand - Vocals.
Guest musicians:
Fredrik Lindborg - Bass clarinet, baritone, tenor, alto and soprano saxophone.
Karl Olandersson - Trumpet, flugelhorn.
Magnus Båge - Concert flute.
Matthias Bååth - Bass and concert flute. Tenor and alto recorder.
Phil Mercy - Organic guitars.