CHRONIQUE / REVIEW

CD

Voici le deuxième album de ‘Naryan’ ces finlandais de Tampere qui viennent de signer avec Progressive Gears et qui vous promettent un troisième opus bientôt. ‘Black Letters’ fait surtout en 2015 et finalisé en 2016 est bien rôdé, en belle continuité de style avec le précédent et éminemment écoutable. On retrouve encore ce surprenant mélange de rock néo-progressif avec la belle voix expressive de Korhohen, la touche magistrale de Kovero en guitare, et les belles orchestrations de cordes qui crée cette ambiance mélancolique et expressive. On dit que le groupe est très envoûtant en spectacle et le même effet se retrouve en écoute simple. Une musique par moment quasi-symphonique, avec une belle équilibre entre les parties vocales, les parties plus rock et les parties classiques. Le violoncelle est particulièrement beau sur les pistes un et trois. On a droit aussi à un duo vocal homme-femme très prenant sur ‘I Promise You’.

Contrairement à leur opus précédent intitulé simplement ‘Naryan’, ‘Black Letters’ est un peu plus structuré autour d’une dizaine de tableaux variant de 4 à 6 minutes, si on fait exception de la dernière pièce ‘764’. L’humeur est encore triste, réfléchie mais ne sombre pas dans le pathos ou le morbide. L’ambiance m’a quelquefois rappelé les fantômes du style de GAZPACHO plus gris que noir. Je suis toujours un peu surpris de voir comment la musique issue de Scandinavie peut ressembler parfois à des ballades folkloriques qu’on pourrait croire venir de ports en Irlande ou en Angleterre. ‘Together in This’ en est un bel example. Est-ce le violon, le temps froid, ou les marins esseulés? Espoir et résignation? Chaque pièce est travaillée, polie et délicate. On voit que les musiciens y ont mis beaucoup d’attention et d’amour. Je dirais que l’album est un peu moins progressif que le premier mais il y gagne en qualité et en maturité. Les ballades dominent, il y a moins de moments ‘criards’ et le message est plus précis. La pièce finale ‘764’ est un peu plus lourde et représente une rupture amoureuse  un peu pénible et durable (764 jours et on continue de compter) par contre les violons insistants et même le piano un peu dissonant à la Keith TIPPET sont étonnants et bien rendus et laissent une forte impression.

On a décidément affaire à un groupe qui soigne son identité, qui y croit et qui offre de la musique et des vidéos travaillés. La composition est plus délicate, plus raffinée et le côté folklorique (la musique du peuple, ne l’oublions pas!) ressort. Cela m’a aussi rappelé les albums de Guy MANNING.  Il sera intéressant de voir quelle direction le groupe prendra et que nous réserve le futur album. Leur site annonce un certain changement de personnel dont un nouveau chanteur pour 2018.

Donc en résumé, une impression assez favorable pour cet album de ‘cross-over prog’ avec une forte composition, des musiciens expérimentés et talentueux, un produit complet et bien fignolé. Un groupe à découvrir et à suivre.