CHRONIQUE / REVIEW

CD

La musique progressive, tout comme les autres styles musicaux, se regroupe en plusieurs styles. Il y a le rock ou le métal progressif et le néo-progressif qui reviennent le plus souvent mais ici nous allons nous pencher vers un style un peu moins commun mais qui est tout aussi intéressant : Le RIO ou Rock in Opposition. Ce style, créé en premier lieu en 1978 par le groupe HENRY COW pour protester contre les maisons de disque qui boudaient leur musique considéré trop hors norme selon eux, est désigné surtout pour la musique avant-gardiste, fusion ou expérimentale. MIRIODOR, qui est l'un des pionniers du genre au Québec avec plus de 35 ans de musique derrière eux, nous arrive avec leur 9ème album intitulé “Signal 9”. PASCAL GLOBENSKY, l'un des membres fondateur du groupe, expliqua que MIRIODOR peut être défini comme une planète inconnue dont les habitants tentent de communiquer avec la Terre à l'aide de messages mystérieux. Donc, on pourrait dire que “Signal 9” est la 9ème tentative! Et qu'en est-il alors de ce 9ème message?

Ne jouant pas la carte de la facilité mais plutôt celle de se dépasser d'album en album, “Signal 9” évolue encore une fois vers un son encore plus expérimental et sombre amorcé depuis l'album “Avanti!” paru en 2009. Il m'est impossible de faire une analyse complète de tous les pièces tellement elles sont chargées musicalement et différente l'une de l'autre alors je vais plutôt faire une analyse générale. On pourrait diviser l'album en 2 parties distingues : des chansons élaborées de plus de 4 minutes qui laissent place à une progression incroyablement surprenante les unes des autres qui fait parfois penser à un hybride entre GENTLE GIANT, BEARDFISH et même FRANK ZAPPA, pour le côté éclaté, d'une part et des chansons de moins de 2 minutes qui pourraient être comparées à des courts métrages sonores sur un thème bien précis. Pas qu'ils sont mauvaise en soi, bien au contraire, mais je compare ces titres à des petites interludes expérimentales bien étranges mais tous aussi inspirantes! Elles pourraient d'ailleurs être facilement la trame sonore de petites animations délirantes entre les émissions comme il s'en faisait dans ma tendre jeunesse. La plus intéressante de ceux-ci, “Transit de nuit à Jakarta”, commence avec des échantillonnages qui pourraient ressembler à un train qui s'arrête pour ensuite nous amener à un duo rythmique très groovy par Rémi LECLERC, l'autre membre fondateur du groupe, à la batterie et Nicolas LESSARD, le petit nouveau du groupe mais qui réussit aisément à s'intégrer dans le groupe, à la basse. “Douze petites asperges” nous ramènent vers leurs sons un peu plus humoristiques de leur seconde période qui m'avait séduit quand je les ai connus il y a 15 ans. Bernard FALAISE, qui s'est joint au groupe justement depuis l'excellent album “Jongleries Élastiques” paru en 1996, s'y donne à cœur joie à la guitare avec de bien beaux arpèges tout en douceur accompagné par la batterie de LECLERC. Certaines pièces, en particulier “Portrait -robot”, me fait même penser à MR. BUNGLE, surtout à “The Bend” sur l'album “Disco Volante”, pour son côté versatile au niveau des changements de rythme et de style tout au long du titre.

On s'aperçoit que le groupe à prit un malin plaisir à repousser les limites de l'expérimentation pour la conception de cette album. Le travail de FALAISE, qui fait aussi le montage et la production de l'album, y est aussi pour quelques choses. Le résultat final donne un album riche en sonorité diverse qui nous fait penser à un orchestre de musique de chambre. On a même l'impression d'avoir des courtepointes sonore tant les mélodies s'embriquent à la perfection, aussi différente soit-elle. Et c'est ce qui fait leur marque de commerce bien à eux. On dit que deux têtes valent mieux qu'une alors, pour ce cas-ci, je peux dire que quatre têtes valent mieux qu'une pour unir ses forces pour nous amener vers un univers déstabilisant mais ô combien satisfaisant. Ça fait du bien de voir qu'il y a encore des artistes qui arrivent, après tous ce temps, à nous amener vers des nouveaux sentiers qui pourraient certainement ne pas plaire aux oreilles un peu sensibles mais qui me convient parfaitement pour moi! À écouter avec des écouteurs pour un résultat optimal.