CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Deux monuments de la musique progressive qui s’associent ça donne quoi? Avant de répondre il faut faire un léger détour pour parler d’ISILDURS BANE. Je reviendrai sur Steve HOGARTH plus tard. Donc si la réputation de la scène progressive suédoise n'est plus à faire, pensons à ANGLAGARD qui nous a visité récemment ou à ANEKDOTEN, qui se retrouve dans ce groupe sélect, il nous faut aussi inclure ce cas particulier qu’est ISILDURS BANE pour au moins deux raisons, sa longévité et l'ampleur de son œuvre. Plus de dix albums qui incluent les productions studios, live et les compilations. Si la première production studio parait en 1984, la naissance du groupe remonte en vérité à 1976. Au fil des années I.B. a subi plusieurs changements, d’ailleurs seul le batteur Kjell SEVERINSSON est toujours présent. Petit détail intéressant, il y a eu à un moment ou à un autre dix-huit musiciens qui ont fait partie du groupe et cela sans compter tous les invités. Malgré ces changements, ISILDURS BANE n’a jamais perdu sa constance. Je vous rappelle un souvenir que j’ai en tête, vous avez peut-être en mémoire le passage du groupe au Festival d’été de Québec en 2002?

 

Pour ce qui regarde l’autre monument, j’ai nommé Steve HOGARTH qui, je crois, n’a pas besoin d’un étalage détaillé de son curriculum vitae. Sa voix est toujours magique et touchante avec en prime un grand talent de compositeur.

 

‎‎‎Pour expliquer brièvement ce jumelage inattendu entre ces deux piliers disons qu’il y a eu une rencontre entre HOGARTH et Mats JOHANSSON (ex-claviériste et compositeur de I.B.) à l’occasion de l’Expo IB qui a lieu chaque année à Halmstad et qui donne l’occasion à plusieurs artistes prestigieux de se produire en concert, il y a aussi des ateliers et des classes qui sont offerts aux participants, de quoi parfaire leur art. En 2013 Steve HOGARTH était présent et la rencontre avec Mats JOHANSSON qui a pour résultat l’album “Colours Not Found In Nature”. Les compositions sont l’oeuvre de nos deux compères. Ce nouvel album offre à l’auditeur une perspective sans frontières où le Prog classique, le pop rock et la musique d’avant garde se chevauche. L’ouverture avec « Ice Pop » nous démontre sans équivoque que Steve est un grand chanteur et que malgré le fait le style MARILLION est loin, il nous charme avec sa voix. La musique est quant à elle riche et puissante avec les délicates sonorités des cordes, l’apport des instruments à vent (clarinette, sax, trompette et flute) complètent à merveille l’ensemble. Sur la suivante, « The Random Fires » nous avons droit à des mouvements entre pop rock et avant-garde avec certains rappels proche des Beatles, et un refrain est très accrocheur appuyé par une musique qui saura vous conquérir. « Peripheral Vision » est très mélancolique, le violon, le chant et le piano sont d’une grande finesse. Une chanson d’une grande beauté. Nous arrivons maintenant au plus long titre de l’album, « The Love and the Affair » qui a à mon avis quelques caractéristiques qui nous rappellent MARILLION. C’est une longue ballade qui se développe lentement dans un atmosphère sombre, bien appuyé par une instrumentation appropriée qui complète à merveille le chant. Encore une fois la voix de monsieur HOGARTH est sublime. On poursuit dans la même ambiance avec « Diamonds and Amnesia », avec un petit côté musique de chambre en raison des instruments à corde omniprésents. « Incandescent » clos « Colours Not Found In Nature », vous pourrez y entendre quelques effluves proches de MARILLION joué à la façon d’ISILDURS BANE, excellent!

 

Cet album prouve hors de tout doute les talents de compositeur de Mats JOHANSSON et Steve HOGARTH qui ont réussi à fusionner deux styles très différents pour nous donner un album original. Si vous croyez avoir affaire totalement à des influences proches de MARILLION, surtout en raison de la présence de Steve, vous serez peut-être dérouté à l’écoute de cet opus. J’espère sincèrement qu’ISILDURS BANE n’attendra pas quatorze ans pour nous offrir une nouvelle production.