CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Voici un groupe qui jouit d’une certaine notoriété en Hollande et qui est supporté par Freia Music, un label qui fait superbement la promotion du rock progressif.  The AURORA PROJECT était silencieux depuis le décès inattendu du guitariste Marc VOOIJS en 2014.  Le groupe s’est fait d’abord remarquer grâce à l’album «Unspoken Word» en 2005.  Quant à «World of Grey», leur cinquième album, il constitue la suite du précédent, «Selling The Agression», qui nous mettait sur la piste d’un message socio-politique majeur.  La pochette est intéressante et le contenu bien rôdé et bien présenté. Contrairement à ce qu’indique le titre, le message livré est plutôt noir et blanc. Certaines pièces portent des textes révolutionnaires : unissons-nous pour lutter contre la démocratie rouleau-compresseur. D’autres décrivent bien la dérive propagandiste et les trafics d’influence de notre monde contemporain.

 

Musicalement, l’album cadre bien dans le moule néo-progressif, avec ses riffs de guitares lourds, ses atmosphères synthétiques, l’utilisation obligatoire des choeurs et l’alternance entre moments lents et rapides.  La voix du chanteur Dennis BINNEKADE est belle, mais son léger accent nous distrait un peu.  Le lyrisme et le style général de la musique du groupe me rappelle un peu le groupe écossais COMEDY OF ERRORS.  Autrement, on reconnaît des influences de PALLAS, ARENA, ou DREAM THEATER, surtout pour l’aspect mélodique. Le groupe est convaincant dans son message et son exécution.

 

L’album s’ouvre avec «Expect Us», mais c’est grâce à la chanson suivante, «Warmongers», que l’intérêt s’installe, particulièrement vers la cinquième minute avec un superbe passage blues «gilmouresque» et une belle progression vocale. Ensuite vient «Stone Eagle», une critique de la machine de guerre américaine bien sentie, pièce très mélodique marquée par la guitare. Je vous recommande d’ailleurs la vidéo qui fait la promotion de cette YouTube (www.youtube.com/watch?v=Jb7-eFSodsI). «Mediapuppets», elle, donne davantage dans le metal-prog. Quant à la pièce-titre, elle s’avère originale et intéressante, et la voix de BINNEKADE y est particulièrement remarquable. «Circles in the Water», la plus longue chanson du disque, fait la belle place à la guitare. On appréciera la clarté de la voix et la mélodie accrochante «Don’t hold me down…». «Dronewars», qui ferme la marche,  s’annonce avec les sirènes de raid aérien et martèle un rythme martial qui doit résonner dans l’inconscient des Européens. Cette chanson, vraiment dans le style typique du groupe, est augmentée d’une belle orchestration qui amène la musique dans une tout autre dimension.

 

Donc, pour conclure, «World of Grey» est un album mature, facile d’approche et bien rendu. Si vous étiez des fanatiques de «The Wall», il vous plaira beaucoup. Surtout, si vous aimez le prog mélodique avec une touche metal, ce disque est pour vous. Un bel effort.