CHRONIQUE / REVIEW

CD

Quand on gravite dans les parages de ZUFFANTI et qu’on est né dans la potion magique du Rock Progressivo Italiano on a déjà un bon curriculum vitae. C’est le cas pour ANDREA ORLANDO qui a pris le temps de créer ce premier album qui balance magnifiquement les airs et les instruments classiques et les variations temporales et rythmiques du rock progressif. Principalement batteur on reconnaît sa touche de batteur même aux claviers avec de jolis passages répétitifs. Il a aussi eu le bonheur et la sagesse de s’associer avec une pléiades de musiciens talentueux. Un album typiquement italien, plus souvent instrumental que vocal, riche et bien équilibré.

On démarre un peu lentement avec ‘Le Forme della Distancia’ un instrumental de 4 minutes qui contient des synthés gargouillant intéressant et des accords un peu jazz mais qui ne décolle pas vraiment. ‘Oltre Domani’ qui enchaîne est plus acéré et offre de beaux orgues en duo avec la guitare et la belle voix de stentor de CORVAGLIA. Bien fait, m’a fait penser un peu à ‘Comedy of Errors’. Suivra l’excellent ‘Cinque Giorni d’Autunno’, un bel hymne lent et puissant où piano, voix opératique et progression naturelle vers les cordes nostalgiques s’entremêlent avec un soutien de claviers étonnant. Un de mes morceaux préféré. Après un ‘Cadi Con Me’ simple et correct incluant une voix de femme, on a ‘ll Giardino di Maya’ un morceau un peu échevelé bâti sur un air de piano. On a de trop court passages de synthé à mon goût. Par contre ‘Fragile’ a plein d’ampleur et de drame mélancolique qui sied à merveille à la voix magnifique de CORVAGLIA. Très poignant et émouvant. Une réussite. La pièce de résistance prends la forme d’une superbe ode de tout près de 17 minutes qui est un classique RPI est qui contient plein de surprises. De construction très symphonique avec des passages de violoncelle divins qui alterne avec des mouvements plus rock des crescendos de guitares, des atmosphères de Mellotron, on nage en plein dessert. Un beau petit chef-d’oeuvre.

Donc dans l’ensemble, pour un premier album on dépasse largement les attentes. Les musiciens sont très solides, la composition majoritairement intéressante et on reconnaît un style propre et une certaine continuité. Il faudra plus qu’une écoute pour découvrir toutes les subtilités ce qui en fait un album riche mais qui demeure quand même accessible. L’enregistrement manque un peu de mordant et de définition et une ou deux pièces détonnent un peu et certain passages de claviers sont prévisibles. Malgré tout ORLANDO à un talent créatif indéniable et espérons qu’il va continuer à nous enchanter dans le futur.