CHRONIQUE / REVIEW

CD

 

Après trois albums studios, cela depuis 2005, AISLES sait ce qu’il faut faire pour nous en mettre plein la vue et les oreilles. Cette formation chilienne a parcouru beaucoup de chemin depuis leur premier album « The Yearning ». Fondé en 2001, ce groupe chilien représente la nouvelle génération du progressif dans ce pays. Question marketing, ils ont fait mouche avec la publication de la piste « Club Hawaii » quelques semaines avant la sortie de l’album, puis ce fut le tour de « Upside Down », cela pour nous mettre en appétit. De toute façon l’effet désiré s’est produit, nous attendions avec impatience « Hawaii ». Vous l’aurez deviné c’est un album concept qui parle d’un petit groupe de personnes qui sont en mesure de préserver une partie du patrimoine de l’humanité après la destruction de la terre.

 

Le premier CD débute par « The Poet », titre en deux parties qui nous plonge immédiatement dans un rock-progressif complexe et varié. Une première composition qui nous présente le potentiel vocal de Sebastian VEGARA, portant avec grâce une musique plutôt complexe. « Year Zero » est la première ballade atmosphérique où, le chant de Sebastian s'accompagne de guitares et de claviers aériens. Morceau planant à souhait au départ, il s'engouffre ensuite dans une rythmique quelque peu funky, pour finalement introduire le son du piano. « Upside Down » reste dans le même style, avec le suivi du piano et la mise en avant du chant qui prend de la force. Des harmonies vocales colorent ici un morceau vocalement bien délivré. On termine déjà le premier CD par un second épique « CH-7 » (plus de 12 minutes), qui nous ramène vers un rock-progressif varié et élaboré.

 

Les moments d'émotion sont nombreux, surtout dans la deuxième partie avec des titres mélancoliques, comme en témoignent « Terra », « Falling » et son piano délicat ou le minimaliste « Nostalgia ». Par ailleurs, AISLES n'en n'oublie pas ses racines pop sophistiquée accessibles avec la ballade « Still Alive » et « Pale Blue Dot » contrastants avec les expérimentaux et plus exigeants comme « Club Hawaii » ou « In The Probe ».

L'exécution de l'ensemble concilie technicité et limpidité. La voix de Sebastiàn VERGARA va brillamment aux ambiances en revêtant un timbre parfois plaintif, grave, réussissant par moment à monter dans les aiguës, ramenant à nos souvenirs l'interprétation de Marco Glühmann de Sylvan au Festival Terra Incognita. Les claviers de Juan Pablo GAETE jouent un rôle prépondérant dans l’œuvre en adoptant une palette sonore très large balançant d'un piano classique à une ambiance futuriste bien adaptée au thème. La section rythmique soutient cette variété de styles grâce à la frappe subtile de Felipe CANDIA et les lignes de basses harmoniques bien senties de Daniel BAIRD-KERR. Les guitares, tenues par Rodrigo SEPULVEDA et German VERGARA, sont plus discrète dans l'ensemble, elles enluminent ces atmosphères où l'acoustique succèdent à des parties électriques et de distorsions psychédéliques bien exécutées.

 

Enfin, la production ample restitue parfaitement l'équilibre entre les instruments et le chant.

Le groupe AISLES continue son petit bonhomme de chemin, gardant le cap d'un rock-progressif où mélodie et travail vocal restent les lignes directrices. Une orchestration parfois aérienne, parfois plus complexe, contrebalance ici de nombreuses plages où l'acoustique prend le dessus. Chaudement recommandé !